Cela fait déjà presque l’équivalent de 100 années terrestres que je suis parti de la planète Terre en direction d’une galaxie n’ayant été repérée que récemment et extrêmement étrange. En effet, cette zone de l’espace avait beau avoir été scannée de multiples fois par tous les instruments terrestres, jamais cette galaxie (de taille relativement modeste) n’avait été observé par les instruments. Outre cette observation de nature totalement inédite, autre chose a poussé au déclenchement de cette mission quelque peu prématurée : la nouvelle galaxie en question semblait… comme clignoter dans l’espace. Non seulement ça mais aussi une autre chose, repéré quelques jours avant mon départ : des signaux semblant continus et répétés provenaient de cette dernière, sans que cela ne soit des étoiles à neutrons ou des quasars.

Pour être un peu plus précis concernant mon départ, il a beau avoir été préparé dans une certaine euphorie, les conditions primaires de ce dernier étaient quelque peu dangereuses malgré tout : grâce à la découverte d’une nouvelle source d’énergie très puissante et peu gourmande en matériaux à la suite de l’analyse d’un supercalculateur relié à une IA généralisée, plusieurs vaisseaux de type unipersonnel ont été créé de part et d’autre dans le monde, les agences spatiales se coordonnant entre elles afin de ne pas créer de duplicata. Le vaisseau dans lequel je suis a été mis en marche à la suite de quatre essais entièrement concluants, même si deux inconnues subsistaient : d’une part la résistance de la carlingue face au flash iridium et d’autre part la résistance des instruments électroniques aux redoutables sursauts gamma.

L’autre sujet d’expérience le long de mon voyage est celui des boissons et de leur comportements dans le vide spatial.

Journal de bord d’exploration spatiale, kilométrage : 200 milliards.

Je viens de passer à proximité d’une quantité assez impressionnante de phénomènes spatiaux étranges, et tous assez déconcertants. Mais je n’ai pas le temps de spécifiquement les observer car un phénomène encore plus surprenant s’est produit, sans que je n’aie pu en identifier la cause : une accélération assez phénoménale de mon vaisseau, sans pour autant impliquer une consommation d’énergie augmentée.

Cela pourrait être dû, potentiellement, au passage près d’une étoile ou à proximité d’une grande planète, mais il n’y a rien aux alentours de mon vaisseau, presque que du vide spatial. C’est la première véritable anomalie à laquelle je suis confronté depuis mon départ de la planète Terre.

Journal de bord d’exploration spatiale, kilométrage : 260 milliards.

C’est confirmé, l’anomalie continue de se produire, mon vaisseau continue d’accélérer dans l’espace sans qu’il n’y ait une quelconque source d’énergie supplémentaire ou une augmentation d’utilisation de l’énergie noire.

Je remarque aussi, depuis l’équivalent de trois jours terrestres, des sortes de… comment dire ça… vibrations dans l’espace. Je ne saurais pas dire ça autrement au vu du ressenti que j’ai et des effets que ces dernières semblent provoquer sur les instruments de détection de mon vaisseau.

Du peu que j’en sais, car je ne suis pas spécialiste dans ce domaine, cela pourrait être l’un des signes potentiels de la présence d’un hypothétique trou de ver à « proximité » de là où moi et mon vaisseau sommes positionnés au moment où j’écris ces lignes.

Journal de bord exploration spatial, kilométrage : Inconnu.

Alors, comment écrire ça sans paraître… fou ?

Il semble bien que j’aie traversé l’un de ces « trou de ver » dont j’ai parlé lors de la dernière rentrée sauvegardée du journal. Je ne sais comment cela s’est produit, ni comment aucun des multiples instruments de bord n’ont détecté les anomalies gravitationnelles normalement surreprésentées à proximité des trous de vers (selon toutes les théories).

Malgré la situation réellement rocambolesque, j’ai pu, par pure chance, envoyer quatre rapports en direction des diverses constellations de satellites de relais présentes dans le système solaire et un peu au-delà.

J’ai dû boire bien plus que d’habitude, car l’univers dans lequel je suis semble être extrêmement chaud.

Il me semble, alors que j’écris ces lignes, que je repère d’étranges orbes lumineuses semblant étonnamment fixe, ce qui pourrait être le signe d’un bâtiment stellaire, mais bien plus gros que le mien au vu de la taille de ces orbes.

Journal de bord exploration spatial, kilométrage, toujours inconnu mais : Rencontre !

Alors, alors, alors… cette entrée du journal sera probablement la dernière que je mettrai car il s’est passé quelque chose d’absolument stupéfiant. Plutôt que d’écrire directement la chose en question je vais plutôt en écrire le cheminement ainsi que la survenue.

Après avoir parcouru que j’estimais l’équivalent d’une dizaine de millions de km, les orbes aperçus au loin s’étaient agrandis sur mon panneau de détection ; alors que je préparais divers instruments de bord prévu en cas de rencontre extraterrestre (même si tout cela n’était que pure conjecture) je vis ces orbes se rapprocher rapidement de moi, et commencer apparemment à m’entourer.

Alors que j’allais activer divers instruments de détection et d’analyse de ce qui m’entourait, je ressentis de très violentes vibrations dans l’intégralité du vaisseau, vibrations si fortes que je faillis perdre connaissance dans un premier temps. Me dirigeant promptement vers la capsule de survie je remarquais, à travers un des hublots, comme des sortes de signaux visuels provenant des orbes lumineux : en effet, des flashes lumineux de diverses couleurs et semblant avoir un rythme spécifique émanaient de ces objets.

Alors que je tentais d’analyser les signaux, je perdis connaissance.

À mon réveil, je me retrouvais dans un gigantesque lit vraisemblablement médicalisé dans l’enceinte d’un vaisseau, et des êtres vivants ont commencé à tenter de communiquer avec moi.

Ils sont parvenus à me faire comprendre que j’étais bel et bien dans un autre univers, au vu des lois physiques qu’ils m’ont montré.