L'Académie de Lu





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L'Histoire de Ju


Droit de passage

(par Zandra-Chan)
(Thème : mur)



Quand Taën fut assez proche du village pour distinguer les gardes qui en parcouraient les remparts de bois, il ne put retenir un soupir de soulagement. Il s’étonnait juste que les portes soient déjà fermées alors que la nuit n’était pas encore tout à fait tombée. Bah. Ça arrivait.

La route avait été longue et éreintante. Il arrivait enfin à destination, après presque cinq jours révolus de marche depuis la dernière cité.

Il ne venait pas en touriste, loin de là. Ce qu’il cherchait n’était probablement même pas dans le village lui-même. Mais il avait besoin de repos avant de mener son enquête, et dans une auberge de préférence.

Il héla les gardes dès qu’il fut à portée de voix tout en continuant d’approcher.

— HĂ©lĂ , messieurs ! Je suis TaĂ«n Elwen Kerlaz. Je viens en quĂŞte de savoir, mais j’ai besoin d’un abri pour la nuit. Pourriez-vous m’ouvrir les portes ?

L’un des hommes en poste se pencha pour mieux observer ce voyageur Ă  la voix si jeune : il ne voyait lĂ  qu’un petit gars aux oreilles pointues qui se noyait presque dans ses vĂŞtements amples et sa basique armure de cuir. Certes, son bâton de marche avait une forme un peu Ă©trange, mais ce qui interpelait le plus le soldat Ă©tait la couleur des cheveux longs du garçon qui n’avait pas l’air d’avoir plus d’une quinzaine d’annĂ©es. Certes, les elfes Ă©taient rĂ©putĂ©s pour avoir une longĂ©vitĂ© autrement plus importante que les humains, mais cette chevelure d’un blanc immaculĂ© – pas le blond platine commun – Ă©tait le signe distinctif des nĂ©cromanciens.

— J’sais pas c’que tu veux, le nécro, mais on a assez de problèmes comme ça à la porte Nord pour pas avoir envie d’laisser rentrer un élément perturbateur à la porte Sud.

Le jeune elfe, loin d’être surpris par cet accueil préféra s’enquérir du problème mentionné.

— Rien qui t’concerne. Passe ton ch’min, l’nécro.

TaĂ«n soupira. Il savait qu’il Ă©tait inutile d’insister ; il avait dĂ©jĂ  essayĂ© par le passĂ© et ça n’avait jamais rien produit de bon. En revanche, il Ă©tait intriguĂ© par ce qui pouvait avoir rendu les gardes si tendus qu’il en refusait d’ouvrir les portes – la nĂ©cromancie Ă©tait mal vue, mais contrairement Ă  la dĂ©monologie, pas interdite. Le voyageur poussa sur ses courtes jambes, tentant de se donner le courage d’aller voir jusqu’à la porte Nord ce qu’il pouvait bien se passer.


Il n’eut pas besoin de “voir” le problème pour le deviner. On le sentait dĂ©jĂ  de loin : une bataille avait eu lieu, le sang avait Ă©tĂ© versĂ©, et les corps avaient commencĂ© Ă  se dĂ©composer, aidĂ©s par la chaleur du soleil d’étĂ©.

La nuit s’installait tout juste quand le nécromancien parvint à la porte Nord. Bien qu’habitué aux corps sans vie, il n’appréciait pas pour autant l’odeur du véritable charnier qui remplaçait la plaine. Il se noua un foulard sur le visage avant de progresser entre les cadavres de gobelins et de leurs loups ou sangliers de guerre. D’un œil expert, Taën remarqua les différentes blessures des créatures vertes. Manifestement, un groupe d'aventuriers bien organisés avait fait un travail remarquable. Au détail près qu’il avait laissé ses victimes sur place, créant un nid de peste à l’entrée même d’un village.


L’elfe aux cheveux blancs longeait toujours le mur d’enceinte quand il aperçut une villageoise, visage découvert au milieu des cadavres en putréfaction, pleurant toutes les larmes de son corps sur celui d’un humain.

Il se précipita sur elle, lui collant un mouchoir sur le nez.

— Enfin, madame ! Vous voulez attraper la mort ? DĂ©pĂŞchez-vous de rentrer chez vous ! Et buvez ça, avant. On ne sait jamais.

Elle prit par réflexe la petite fiole qu’il lui glissait dans les mains.

— Mais… mon mari…

Les yeux de la femme s’arrondirent quand elle remarqua la chevelure étincelante du garçon.

— PitiĂ© ! Ramenez-le ! Vous ĂŞtes nĂ©cromancien, non ? Je vous en supplie, je vous donnerai tout ce que vous voulez, mais faites-le reven-

— Madame, l’interrompit l’elfe, même si je pouvais, dans son état actuel, il mourrait immédiatement à nouveau…

— Je… Je… S’il vous plaĂ®t ! Lancer tous les sorts nĂ©cessaires ! Mais je-...

Il l’attrapa par les épaules, ancrant son regard de cristal dans les yeux bruns noyés de larmes de son interlocutrice.

— Savez-vous seulement quels sont ces sorts que vous souhaitez me voir lancer ?

Elle bégaya un semblant de réponse incohérent. Il soupira. Il avait beau côtoyer régulièrement les morts, il ne savait que trop bien à quel point un départ pouvait être dévastateur.

— Je peux le rendre présentable pour son enterrement.

Il pivota vers le corps mutilé avant de relever ses yeux devenus luisants de pouvoir.

— Et peut-être vous autoriser une petite conversation. Une courte. Et ça sera la dernière. Choisissez bien vos mots.




























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