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Schrödinger![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Cette histoire se passe sur une certaine planète, dans une certaine galaxie, dans un certain univers. Sur cette planète inconnue, ou peut-ĂŞtre pas, une forĂŞt, vierge de toute civilisation, cache en son sein un dĂ´me de roche noire, comme si deux tsunamis de terre s'Ă©taient figĂ©s en plein affrontement. Et, sous cette voĂ»te percĂ©e de fenĂŞtres rocheuses, repose une ville d'acier et de bĂ©ton, en partie colonisĂ©e par la verdure. DĂ©serte et dĂ©solĂ©e, ce qui Ă©tait en des temps reculĂ©s une grande mĂ©galopole des plus modernes gĂ®t dĂ©sormais, noyĂ©e dans la poussière, perdue depuis des siècles… Soudain, le silence est brisĂ© par un bruit de pioche. Un coup, deux coups se font entendre dans le bloc de grès bouchant la sortie d'un ancien entrepĂ´t, dĂ©sormais loin de la mer qui lui donna autrefois sa raison d'ĂŞtre. Un troisième coup de pioche finit par venir Ă bout de la paroi, et une botte militaire usĂ©e vient agrandir l'ouverture d'une puissante poussĂ©e. Un instant plus tard, une silhouette armĂ©e s'avance prudemment dans l'avenue, sur ses gardes, avant de se dĂ©tendre une fois qu'il est clair qu'aucun danger ne menace. SIDNEY PHOQUE C'est bon, Doc'. La voie est libre, vous pouvez venir. INDIANA JAUNE, de l'autre cĂ´tĂ© de la porte auparavant bloquĂ©e, d'une voix Ă©touffĂ©e Enfin vous vous rendez Ă l'Ă©vidence! Le professeur passe Ă son tour l'ouverture avec difficultĂ©, pliĂ© en deux pour pouvoir passer ses larges Ă©paules au travers de la fente. Se redressant de toute sa taille, il Ă©poussette ses manches, faisant tomber une pluie de sable et de poussière, sans trop se soucier d'ĂŞtre discret. INDIANA JAUNE, continuant sur le mĂŞme ton Je vous avais bien dit que toutes ces circonspections Ă©taient superfĂ©tatoires… SIDNEY PHOQUE, Ă©coutant d'une oreille, son attention toujours tournĂ©e sur les environs SuperfĂ©ta-quoi? INDIANA JAUNE — tatoires. De trop, si vous prĂ©fĂ©rez. Enfin, voyons, quels pĂ©rils pensiez-vous bien pouvoir trouver dans un endroit inhabitĂ© depuis des lustres? SIDNEY PHOQUE, lui jetant un regard peu impressionnĂ© Doc', z'aviez dit la mĂŞme chose dans cette grotte perdue de l'Ă®le-continent. Vous savez, celle oĂą on a failli se faire cramer la couenne par cette statue cracheuse de feu, lĂ . INDIANA JAUNE, d'une voix rĂŞveuse Ah oui, ce golem ignivome sculptĂ© en forme de kangourou… Une dĂ©couverte archĂ©ologique de premier plan! Qui aurait pu deviner que les anciens habitants de ce temple primitif aient pu un jour avoir les connaissances nĂ©cessaires Ă la crĂ©ation d'une telle merveille? SIDNEY PHOQUE Cette merveille a failli avoir notre peau! INDIANA JAUNE Mais vous avez su surmonter cette adversitĂ© avec panache! SIDNEY PHOQUE, agacĂ©e Peut-ĂŞtre, mais on aurait pu l'Ă©viter avec un peu plus de prudence! Comme cette fois oĂą vous avez empoisonnĂ© presque tout le campement parce que vous ne pouviez pas attendre que nos guides purifient l'eau de sa malĂ©diction. INDIANA JAUNE, avec dĂ©dain Voyons, ma chère! Il ne s'agissait lĂ que des effets de l'ingestion d'une eau contaminĂ©e par des protozoaires, d'oĂą son action Ă©mĂ©tique. Rien Ă voir avec une quelconque (MĂ©prisant:) "malĂ©diction"… SIDNEY PHOQUE Il n'empĂŞche que nous aurions pu en mourir! INDIANA JAUNE, penaud Certes, nous avons eu de la chance de ne faire que dĂ©bagouler pendant quelques jours… SIDNEY PHOQUE, narquoise Sans compter vos hallucinations… INDIANA JAUNE, mortifiĂ©, entre ses dents Nous avions dit que nous ne reparlerions pas de ça… (Plus fort:) Quoi qu'il en soit, ça ne fait jamais que quelques petits dĂ©sagrĂ©ments sans importance. Et nous avons dĂ©jĂ perdu assez de temps! DĂ©pliant une carte Ă laquelle sont agrafĂ©es une note manuscrite et une photographie numĂ©rique, le professeur s'Ă©loigne Ă grandes enjambĂ©es, forçant l'aventurière-slash-mercenaire-slash-garde du corps Ă le suivre. SIDNEY PHOQUE, pas dĂ©cidĂ©e Ă lâcher l'affaire Et les pirates dans le tombeau du Pharaon? INDIANA JAUNE, distraitement Une bande de crève-la-faim cacochymes, habituĂ©s Ă des proies faciles. Ils se sont compissĂ©s dessus dès que vous leur avez montrĂ© ce que vous saviez faire avec une arme. SIDNEY PHOQUE La secte avec qui vous vous ĂŞtes liĂ© d'amitiĂ© et qui a voulu vous sacrifier Ă leur divinitĂ©? INDIANA JAUNE, bougon Leur ophiolâtrie Ă©tait fascinante, mĂŞme si leurs coutumes se sont rĂ©vĂ©lĂ©es un peu radicales… SIDNEY PHOQUE, opiniâtre La racine de caroubier qui a failli vous prĂ©cipiter au bas d'une falaise? INDIANA JAUNE, finalement exaspĂ©rĂ© Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Nous explorons des endroits oĂą peuvent rĂ´der moults pĂ©rils, il est inĂ©luctable que nous nous retrouvions Ă faire face Ă certaines ordalies… (Il soupire, reprenant son calme.) Écoutez, je sais que vous ne faites que remplir votre rĂ´le, et vous m'avez dĂ©jĂ Ă©tĂ© d'une grande assistance bien au-delĂ de ce que votre contrat stipule, et ce malgrĂ© mes idiosyncrasies. Je suis mĂŞme prĂŞt Ă me laisser Ă©cornifler cadeaux et faveurs pour les cinquante prochaines annĂ©es, eut Ă©gard Ă la pĂ©rennitĂ© inopinĂ©e de cette expĂ©dition. S'il vous faut plus d'argent, vous n'aurez qu'Ă demander. (D'une voix plaintive:) Mais, de grâce, gardons cette conversation pour plus tard et trouvons d'abord ce que nous sommes venus chercher. Nous touchons au but, je le sens! SIDNEY PHOQUE, le considĂ©rant un moment en silence D'accord, doc', je lâche l'affaire…pour le moment. Vous avez raison, ça fait partie du job. Quant Ă la prime, ne vous sentez pas obligĂ©. Je doute que vos finances se sortent intactes de ce tour du monde improvisĂ©, et comme vous venez de le dire, je ne fais que mon boulot. INDIANA JAUNE, inclinant la tĂŞte en signe de gratitude Votre munificence et votre probitĂ© vous honorent. SIDNEY PHOQUE, mĂ©fiante Ma quoi? Ça veut dire quoi ce charabia? INDIANA JAUNE, hĂ©sitant Ce… C'Ă©tait un compliment, je vous le certifie! SIDNEY PHOQUE, levant l'index pour attirer l'attention de son associĂ© D'accord. Doc', on va se mettre d'accord sur une chose: vous allez faire un effort pour causer comme tout le monde, sans vos mots bizarres que personne comprend et qui vous font passer pour un clown. Compris? INDIANA JAUNE, offusquĂ© Mais…! (Se dĂ©gonflant devant le regard impatient de sa compagne:) Très bien, je vais faire un effort… SIDNEY PHOQUE, avec un sourire rayonnant Parfait! Satisfaite d'ĂŞtre arrivĂ©e Ă un accord, la mercenaire se dĂ©cide enfin Ă ranger son fusil d'assaut, non sans un dernier coup d'Ĺ“il aux alentours. Puis, se dressant sur la pointe des pieds pour pouvoir avoir une meilleure vue de l'atlas tenu par son gĂ©ant de client: SIDNEY PHOQUE Alors, Doc'? OĂą allons-nous? La cartographie par rayons X du vaisseau a peut-ĂŞtre pu nous fournir un plan de ce qu'il reste des grands axes de la ville, mais ça risque de nous prendre des mois pour tout fouiller… INDIANA JAUNE, posant un genou Ă terre pour lui permettre de mieux voir Pas d'inquiĂ©tude. Vous souvenez-vous du cĂ©notaphe que nous avions trouvĂ© dans les ruines de ce mausolĂ©e, lors de la troisième escale de notre pĂ©riple? SIDNEY PHOQUE Celui avec le lierre Ă©trangleur qui a failli nous briser la nuque? INDIANA JAUNE, mal Ă l'aise Hrm, oui, celui-lĂ mĂŞme. Eh bien, comme je vous l'avais fait remarquer Ă cette date, il Ă©tait couvert d'inscriptions apocryphes… (Hâtivement, voyant le regard de la mercenaire:) Ă€ l'authenticitĂ© douteuse, si vous voulez. SIDNEY PHOQUE, sans relever Je m'en souviens. Et donc? Vous avez pu les traduire? INDIANA JAUNE, avec passion RĂ©cemment, oui, grâce aux documents de traduction de l'universitĂ© qui ont fini par me parvenir. Et c'Ă©tait tout Ă fait fascinant! Figurez-vous que non seulement les informations lithographiĂ©es sont irrĂ©cusables, mais qu'en sus il s'agissait non pas d'un texte historique relatant les hauts-faits de l'Ă©minent personnage auquel Ă©tait dĂ©diĂ© ce sĂ©pulcre, mais de coordonnĂ©es spatiales selon un système gĂ©odĂ©sique apodictique, centrĂ© sur la planète d'origine de celui dont nous suivons les traces… SIDNEY PHOQUE, tentant de l'interrompre Doc', je vous ai dit que je comprenais que dalle Ă votre charabia… INDIANA JAUNE, sans l'entendre Bien sĂ»r, ce n'Ă©tait pas explicite, ceux qui ont laissĂ© cette Ă©pitaphe ne voulaient pas que n'importe qui comprenne, et ont donc eu recours Ă un langage sibyllin qui donnait une apparence de banalitĂ©s au texte. SIDNEY PHOQUE, plus fort Doc'… INDIANA JAUNE, continuant Les choses qu'il a vues ou faites avec ses ascendants, les actes marquants de sa jouvence, ses annĂ©es en tant qu'arbitre des ordalies de Proxima B du BucĂ©phale, les assuĂ©tudes dont il souffrait, ce genre de platitudes de peu d'intĂ©rĂŞt pour quiconque ne nourrirait que quelque arrière-pensĂ©e pĂ©cuniaire Ă son encontre… SIDNEY PHOQUE, encore plus fort, franchement agacĂ©e Doc'! Vous m'Ă©coutez? Ça suffit, maintenant, je m'en contrefous de vos explications! INDIANA JAUNE, en roue libre …et mĂŞme si l'on parvient comme moi Ă apprĂ©hender le code utilisĂ©, les instructions sont amphigouriques au mieux, absconses pour la plupart… SIDNEY PHOQUE, sur le ton de l'avertissement Docteur Jaune, j'ai un lance-roquette et je n'hĂ©siterai pas Ă m'en servir. INDIANA JAUNE, toujours sur sa lancĂ©e …mais Ă force d'acharnement et, soyons probe, grâce au travail de mes estimĂ©s prĂ©dĂ©cesseurs, je crois avoir mis en Ă©vidence les instructions nous permettant de nous orienter dans l'omineux lacis de ruelles de cette conurbation inexplorĂ©e depuis des siècles! (Se souvenant enfin de la prĂ©sence de sa partenaire:) Oh, euh, pardonnez-moi, quand je commence on ne m'arrĂŞte plus, haha! Vous disiez? SIDNEY PHOQUE, blasĂ©e … La prochaine fois je vous frappe. (Sans lui laisser le temps de rĂ©pondre:) Alors, pour revenir Ă ma question initiale: oĂą est-ce qu'on va? Elle le toise de toute sa hauteur, le mettant au dĂ©fi de se plaindre, de repartir dans une digression interminable, ou les deux Ă la fois. MalgrĂ© leur diffĂ©rence de gabarit, le professeur a un lĂ©ger mouvement de recul et dĂ©glutit, intimidĂ©. INDIANA JAUNE Je… euh… Eh bien… Par chance, nous nous trouvons dans la zone halieutique… (Voyant le regard de Sidney s'Ă©trĂ©cir:) Hrm, portuaire, de la ville. Ce qui nous fournit un bon point de repère, puisque nous pouvons en dĂ©duire l'emplacement de la mer qui bordait cette citĂ©. J'ai Ă©galement rĂ©ussi Ă mettre la main sur un plan de la ville telle qu'elle Ă©tait Ă l'Ă©poque dans les archives digitalisĂ©es de mon AcadĂ©mie. J'ai pu en augmenter la linĂ©ature, je veux dire, la rĂ©solution, pour la rendre exploitable, ce qui devrait nous permettre de nous localiser très aisĂ©ment. Laissez-moi quelques secondes… Ah, voilĂ ! Je vois dĂ©sormais oĂą nous sommes. Suivez-moi! Sur ces paroles, le voilĂ qui se relève, le nez dans ses notes, avant de se mettre en marche d'un pas dĂ©cidĂ©, aveugle Ă tout ce qui l'entoure. HabituĂ©e Ă ce comportement, sa compagne le suit, attentive pour deux et pas mĂ©contente de progresser rapidement, et en silence. Bien sĂ»r, cela ne dure pas, car il ne faut pas longtemps au professeur pour relever les yeux de ses pattes de mouche et se rappeler qu'ils sont les premiers Ă fouler du pieds cette dĂ©couverte archĂ©ologique de premier plan. Sa curiositĂ© naturelle revenant au galop, sa dĂ©marche se fait plus flâneuse, son regard s'attardant sur ses environs, avides de dĂ©tails. INDIANA JAUNE, parlant pour lui-mĂŞme C'est tout de mĂŞme bien curieux… SIDNEY PHOQUE De quoi? INDIANA JAUNE, faisant un grand geste des bras Regardez autour de vous! L'Ă©tat de conservation de cette ville est tout simplement prodigieux! On jurerait qu'elle n'a Ă©tĂ© dĂ©sertĂ©e que depuis quelques mois, quelques annĂ©es au pire! Il dĂ©signe une remorque mangĂ©e par la rouille, aux pneus Ă©clatĂ©s par le passage du temps mais supportant encore son chargement de caisses. INDIANA JAUNE Voyez ces cagettes de bois, par exemple. Elles auraient dĂ» s'ĂŞtre dĂ©gradĂ©es en quelques annĂ©es, et pourtant les voilĂ encore en un seul morceau malgrĂ© les siècles qui se sont Ă©coulĂ©s. Je ne serais mĂŞme pas surpris si elles contenaient encore quelque cĂ©rĂ©ale ou topinambour parfaitement comestible! Tout ici semble avoir Ă©tĂ© sauvegardĂ© des ravages du temps… SIDNEY PHOQUE, pensive Je reconnais que c'est Ă©trange… Comment vous avez dit que la ville avait Ă©tĂ© dĂ©truite, dĂ©jĂ ? INDIANA JAUNE Je dois vous avouer mon ignorance. Aucun survivant n'a jamais Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©. L'hypothèse la plus plĂ©biscitĂ©e fait Ă©tat d'un cataclysme tectonique soudain… (Se corrigeant Ă la hâte:) En clair, on pensait que la ville avait Ă©tĂ© ensevelie par un titanesque glissement de terrain, mais... (Il lève les yeux vers le dĂ´me de pierre percĂ© de trouĂ©es lumineuses qui recouvre la citĂ© antique.) Au vu de ce dont nous sommes tĂ©moins, cela n'a pas dĂ» ĂŞtre le cas… Les rues sont intactes, les bâtiments aussi. Aucun signe de destruction massive, ni de mouvement de panique. C'est comme si la ville Ă©tait simplement…morte d'un coup. SIDNEY PHOQUE, pragmatique Dans ce cas, oĂą sont les corps? INDIANA JAUNE, tirĂ© de sa rĂŞverie Je vous demande pardon? SIDNEY PHOQUE S'il n'y a pas eu de survivants, et que tout s'est passĂ© très vite, on devrait trouver les restes des habitants un peu partout. INDIANA JAUNE, se rendant Ă l'Ă©vidence Je… Vous avez tout Ă fait raison… SIDNEY PHOQUE, mal Ă l'aise Et ce silence. On n'a pas vu un seul rongeur s'enfuir. Pas entendu un seul oiseau chanter. Rien qui bouge, rien qui vit… Doc', vingt-cinq ans que je suis dans le circuit, et j'ai jamais vu ça! On devrait se dĂ©pĂŞcher de trouver votre machin et nous tirer de lĂ , quitte Ă revenir quand on aura de meilleurs outils et plus de monde… INDIANA JAUNE, interloquĂ© Je…très bien, comme vous voudrez. Mais vous me trouvez surpris de vous trouver si circonspecte… SIDNEY PHOQUE, haussant les Ă©paules Pardonnez l'expression, mais on a assez collectionnĂ© les emmerdes au cours de ces derniers mois pour que je veuille Ă©viter d'en rajouter… INDIANA JAUNE, du bout des lèvres Je peux le comprendre… En ce cas venez, nous y sommes presque… Et en effet, quelques instants plus tard et après quelques tours et dĂ©tours entre les rares dĂ©combres, le professeur s'arrĂŞte enfin devant un bâtiment Ă la lisière de la zone explorable, situĂ© juste devant les falaises. L'endroit semble avoir souffert, plus que le reste de la ville: les vitres sont sales, les murs vĂ©tustes, la rue jonchĂ©e de dĂ©bris. Plus curieux, le toit est en miettes, transpercĂ© par un arbre proprement gigantesque poussant de l'intĂ©rieur. L'enseigne en nĂ©on sur la devanture n'a pas davantage rĂ©sistĂ© aux ravages du temps, certaines lettres ayant elles aussi chutĂ© ici et lĂ . SIDNEY PHOQUE, dĂ©chiffrant l'inscription avec difficultĂ© "Pi…Pingu…Pingouins Frites"? INDIANA JAUNE, la corrigeant machinalement Presque. "Ring Onions & Fries". L'esperluette a chu. (Le poing de la mercenaire part dans les cĂ´tes de son agaçant client.) Outch! Mais enfin pourquoi… (Avec un soupir, lisant dans le regard de Sidney le reproche muet:) L'esperluette, c'est le petit signe voulant dire "et" dans cette langue. Vous vous souvenez, j'ai tâchĂ© de vous l'apprendre? (DĂ©signant un dĂ©bris de nĂ©on du doigt:) Il est tombĂ© lĂ , vous voyez? SIDNEY PHOQUE, de mauvaise grâce Mouais, admettons. Ça veut dire un truc, au moins? INDIANA JAUNE Probablement un plat local. Ce me semble ĂŞtre une ancienne guinguette. (Avec une pointe de nostalgie:) Aaah, quels mets exquis pouvaient bien ĂŞtre servis en ces lieux, je me le demande… SIDNEY PHOQUE, en riant Mais c'est que vous nagez en plein dĂ©lire, mon pauvre vieux! Vu la tronche de l'endroit, il m'a pas l'air d'ĂŞtre bien fameux, votre boui-boui! Sur ces mots, elle dĂ©fonce la porte rouillĂ©e d'un bon coup de pied avant d'entrer, la main sur son arme de poing, parĂ©e Ă toute Ă©ventualitĂ©. VexĂ©, le grand archĂ©ologue entre Ă sa suite en grommelant tout bas. INDIANA JAUNE Nesciente… SIDNEY PHOQUE, sur le mĂŞme ton PrĂ©tentieux… Le temps pour la mercenaire de vĂ©rifier l'absence de dangers, par acquit de conscience, et l'universitaire s'est dirigĂ© droit vers l'arbre ayant pris possession des lieux, l'Ĺ“il brillant d'intĂ©rĂŞt. INDIANA JAUNE, sa mauvaise humeur passagère dĂ©jĂ oubliĂ©e Mes aĂŻeux, quelle splendeur que cet arbre! Ma chère, aviez-vous dĂ©jĂ vu une aussi magnifique amentifère? Aaah, quel dommage qu'il soit envahi de caries fongiques… (Il prend une grande inspiration.) Et cette fragrance de pĂ©trichor… SIDNEY PHOQUE, regardant avec dĂ©goĂ»t une nappe marbrĂ©e de taches suspectes C'est pas le moment de parler botanique, doc'. Z'ĂŞtes sĂ»r que votre relique est dans un dĂ©potoir pareil? INDIANA JAUNE, revenant Ă la rĂ©alitĂ© Oh, eh bien, je suppose qu'il va nous falloir explorer les quartiers privĂ©s de cet Ă©tablissement. Si nous n'y trouvons pas notre bonheur, ma foi, cela voudra dire qu'il nous faudra effectuer des fouilles plus approfondies… SIDNEY PHOQUE J'espère que nous ne devrons pas en arriver là … Venez, montons. Sans laisser le temps Ă son client de protester, elle l'attrape par le coude et le tire vers l'escalier au fond de la salle, montant les marches branlantes avec prĂ©caution. Une fois sur le palier sombre, la mercenaire se dirige sans hĂ©siter vers la première porte qui se prĂ©sente, qu'elle enfonce sans mĂ©nagement avant de lâcher dans la pièce ainsi dĂ©gagĂ©e un orbe antigravitĂ© Ă©mettant une douce lumière. Le soleil miniature Ă©claire tout un bric-Ă -brac d'objets en tous genre, de la camelote pour la plupart…ainsi qu'un cadavre engoncĂ© dans un fauteuil dĂ©fraĂ®chi, momifiĂ© par les siècles. SIDNEY PHOQUE, imperturbable Et voilĂ notre premier corps… C'est presque rassurant. INDIANA JAUNE Si c'est vous qui le dites. Qu'est-ce que… Qu'est-ce que nous avons lĂ ? (Il se penche et ramasse un objet au sol près de son pied.) Un phĂ©nakisticope? IntĂ©ressant… SIDNEY PHOQUE, peu impressionnĂ©e Quoi? C'est juste une pacotille de plus, non? Une babiole sans la moindre valeur, avec ça! INDIANA JAUNE, fronçant les sourcils Parlez pour vous! Il semblerait que cet homme, paix Ă son âme, ait Ă©tĂ© un collectionneur fĂ©ru d'antiquitĂ©s: ces jouets Ă©taient dĂ©jĂ dĂ©modĂ©s depuis des siècles. C'est une bonne nouvelle. Avec un peu de chance, il aura gardĂ© la relique avec lui plutĂ´t que de la cĂ©der… SIDNEY PHOQUE, peu convaincue Alors ce qu'on cherche est peut-ĂŞtre dans ce fatras? Et Ă quoi c'est censĂ© ressembler, au juste? Vous ne me l'avez toujours pas dit. INDIANA JAUNE Oh, bien sĂ»r, pardonnez-moi, je n'ai rĂ©ussi Ă traduire cette partie que tard hier soir… Selon toute vraisemblance, il s'agirait d'une couronne, capable d'après la lĂ©gende d'octroyer Ă son porteur de mystĂ©rieux pouvoirs. Les billevesĂ©es habituelles de propagandes royales, bien sĂ»r. Il s'agit nĂ©anmoins d'un objet au patrimoine culturel inquantifiable qui pourrait nous en apprendre beaucoup. Bien sĂ»r, il est fort probable qu'elle soit protĂ©gĂ©e par une boĂ®te faite d'un matĂ©riau inaltĂ©rable et peu commun sur cette planète, comme du mythril ou.. SIDNEY PHOQUE, l'interrompant …ou de l'adamantium bronzĂ©, peut-ĂŞtre? InterloquĂ©, le professeur se redresse et suit le regard de sa collaboratrice jusqu'Ă un bloc de mĂ©tal gravĂ© trĂ´nant sur les restes d'un meuble Ă bas prix, en face du cadavre de l'ancien occupant des lieux. DĂ©bordant d'excitation, il se prĂ©cipite vers le trĂ©sor sans plus d'Ă©gards pour le reste des artĂ©facts dispersĂ©s, suivi par une Sidney gagnĂ©e par son enthousiasme. Tous deux s'agenouillent autour de la relique, le scientifique s'en saisissant pour l'examiner. INDIANA JAUNE, fascinĂ©, lisant en diagonale le texte ciselĂ© Ă la surface C'est ça… C'est ça! Hahaha! Nous l'avons fait! Nous l'avons trouvĂ©! (Ses doigts finissent par trouver une encoche au centre d'une des faces.) Mais c'est… (Ă€ Sidney, fĂ©brile:) Ma chère, le mĂ©daillon cordiforme que nous avons dĂ©couvert le mois dernier! Celui en forme de cĹ“ur, vite! Nous touchons au but! Sans se faire prier, ni mĂŞme relever le terme employĂ©, l'aventurière fouille dans son paquetage et en sort le pendentif demandĂ©, qu'elle place sans un mot dans la paume tendue de l'universitaire. Celui-ci, nerveux, se hâte d'enchâsser le bijou dans le renfoncement, qui l'accueille avec un cliquetis. Pendant un instant, il ne se passe rien. Puis, dans un ronron mĂ©canique bien huilĂ©, une fente invisible se dessine au milieu du panneau, s'ouvrant sans Ă -coups sous le regard Ă©merveillĂ© des deux dĂ©couvreurs. C'est alors qu'un sifflement Ă©clate sans prĂ©venir de l'intĂ©rieur du boĂ®tier, juste avant qu'une forme sombre n'en jaillisse comme un beau diable. Surpris, le grand professeur tombe Ă la renverse, tandis que Sidney parvient Ă Ă©viter de justesse de se faire heurter par le fuyard. Par rĂ©flexe, la mercenaire sort son arme et la braque sur la menace, avant de se figer, stupĂ©faite de se retrouver Ă mettre en joue un aspirateur gros comme un chat, soufflant Ă qui mieux mieux, une grosse couronne posĂ©e au sommet de son tube flexible. DĂ©boussolĂ©s, ni elle ni son client ne rĂ©agissent alors que les pompes de l'engin s'actionnent et que son embout s'agite en un cercle approximatif, ouvrant un portail dans la matière mĂŞme de l'univers. L'appareil pousse alors un dernier sifflement Ă l'adresse du duo, avant de disparaĂ®tre, happĂ© par le trou qui se referme derrière lui, laissant les deux explorateurs bouche bĂ©e, tentant en vain de comprendre l'enchaĂ®nement des Ă©vènements. SIDNEY PHOQUE, mĂ©dusĂ©e Ce… Docteur, il vient de se passer quoi, lĂ ? INDIANA JAUNE Ça, ma chère… Je n'en ai pas la moindre idĂ©e…
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